Vous retournez plusieurs fois par an votre matelas pour l'aérer, mais imaginez que vous deviez faire ce geste 12 fois par heure, c'est à dire pratiquement 100 fois par jour. "Impossible", direz vous. C'est pourtant cette objectif de cadence qu'exige la direction de chez Copirel à Mazeyrat d'Allier aux ganseuses du secteur 317.
Chez Copirel, établissement de 85 salariés, on confectionne des matelas. Pour ganser un matelas, c'est à dire le coudre avec un ourlet il faut le retourner 1 fois.
Depuis quatre ans, sans aucune amélioration de matériel, l'objectif à l'heure est passé de 7,5 à 12 matelas à l'heure et cela alors qu'ils pèsent de plus en plus lourd ! Et c'est la même détérioration des conditions de travail que subissent les salariés dans tous les secteurs : départs non remplacés, augmentation de la productivité.
Pour arriver à ses objectifs, la direction met une pression accrue sur les salariés, désorganise la production, modifie les horaires en dernière minute, sans aucune communication de la hiérarchie.
Le résultat est là : une fatigue pour tous les salariés qui tend même à l'épuisement, l'absentéisme qui explose et les consultations chez le médecin traitant aussi.
Ces problèmes, les deux syndicats présents dans l'usine - FO et la CGT - les ont pointés depuis le mois de février, dans une lettre adressée en commun au directeur. Sans aucune réponse.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est vendredi 13 au matin, une salariée a bout qui a "craqué" en larmes et quitté le travail. En solidarité la grève s'est déclenchée, très largement majoritaire dans les ateliers de production. En l'absence de rencontre avec la direction, la reconduction a été décidée pour le lundi 16 avril à la fin du poste.
Et dès 7 heures du matin, au retour du week-end, il y avait toujours autant de grévistes, déterminés et bien décidés à être entendus.
Le directeur du site est arrivé lui aussi pour une fois aux aurores. Une demande claire est formulée : être reçus par la direction pour discuter des demandes, en présence de représentants des organisations syndicales FO et CGT, présentes depuis vendredi à leurs côtés
Pour toute réponse, une provocation qui en dit long sur la considération dont bénéficie le personnel : "votre grève est illicite ! Vous êtes en abandon de poste !"
Cette tentative d'intimidation ne fera reculer personne et la majorité du personnel reste en grève.
La demande de rencontre avec les syndicats des grévistes est réitérée en début d'après-midi. Si la direction consent finalement à discuter avec "ses" représentants du personnel, elle refuse néanmoins la présence de tout militant extérieur à l'usine.
Les grévistes refusent ce chantage et maintiennent leur demande.
Face à l'absence de réponse positive d'après-midi, l’assemblée générale est à nouveau unanime en fin de poste : la grève sera reconduite le mardi 17 avril.