Face à une énième attaque des EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), les personnels de santé préparent une journée de mobilisation pour le mardi 30 janvier 2018.
Pour bien comprendre les facteurs majeurs qui les ont conduits à décider de ce mouvement d’action, nous avons rencontré une camarade FO secrétaire départementale des services publics et de santé (publique et privée) Bernadette Tavernier qui nous explique les raisons de leur colère et de leur galère !
- Bernadette, pourrais-tu nous dresser un bilan de la situation actuelle des EHPAD ?
La situation est très tendue les personnels sont à bout de souffle.
Par manque de personnel, les résidents valides sont transportés dans un fauteuil roulant parce que ça va plus vite, ou alors on leur fait manger de la nourriture mixée : c'est plus rapide. On pratique la toilette VMC (mains, visage, c..) pour gagner du temps.
Tout est compté : des stylos aux produits d'entretien en passant par les protections (couches) qu'il faut vraiment utiliser à bon escient, donc ne pas en utiliser une de plus sinon on risque de s’entendre dire : « mais vous allez grever le budget... »*.
Pour information, dans les établissements où nous connaissons les chiffres, nous sommes en moyenne entre 0,7 ( dans le privé) et 0,4 ( dans le public) agents par résident.
* NDLR : Précisons que la Grèce a connu ce phénomène de « pénurie de denrées, de consommables » depuis la crise de 2008… et à sa suite de nombreux autres pays d’Europe et aujourd’hui : il en va de même pour la France.
- Je suppose que des mouvements, des journées d'action sont prévues ? Et qu’il ne sera certainement pas la seule date de mobilisation, sauf si vous obteniez gain de cause ? Peux-tu nous préciser sur quoi portent les revendications ?
Au mois de novembre 2017, Force Ouvrière avait organisé une conférence sur les EHPAD, au niveau national. Celle-ci avait rassemblé plus de 350 délégué-e-s venu-e-s de toute la France.
Ces délégué-e-s ont considéré que seule une grève nationale permettrait de se faire entendre.
C'est ainsi qu'au plan national une intersyndicale FO, CGT, CFDT, SUD, UNSA, CFTC et CGC s’est réunie.
Le gouvernement ayant refusé de recevoir une délégation et la ministre de la Santé ayant déclaré que les difficultés des EHPAD n'étaient pas une question financière mais un problème de management, l’intersyndicale s'est mise d'accord pour appeler à la grève, avec des rassemblements devant les préfectures les ARS (agence régionale de santé) et les conseils départementaux, le 30 janvier 2018 pour réclamer:
- un salarié pour un résident ; chose qui devait être effective au plus tard en 2012, comme le prévoyait le plan « solidarité grand âge » de 2006.
- l'arrêt des baisses de dotation et le maintien de tous les effectifs des EHPAD y compris les contrats aidés qui doivent être intégrés dans la fonction publique ou dans les conventions collectives.
- l'abrogation de la réforme de la tarification des EHPAD et le retrait des décrets d'application qui prévoient des milliers de suppression de poste.
- l'amélioration des rémunérations et des perspectives professionnelles.
Sur ces bases (d’intersyndicale nationale), on peut regretter qu’en Haute-Loire que nous n'ayons pas pu avoir d'appel commun au niveau santé publique, comme à l'hôpital Sainte-Marie (santé privée) où la CGT s'est associée à FO.
D’ailleurs, précisons que cette journée d’action a reçu le soutien des associations de retraités, de l’AD - PA (association des directeurs de services à domicile et d'établissement pour personnes âgées) mais aussi de nombreuses associations de familles de résidents.
- On voit que l'actualité sociale de ce début d'année est très chargée, tant sur le plan départemental que national : rassemblement aux Finances, mobilisation des personnels pénitentiaires, appel à la grève dans l'Education nationale... et les EPHAD. Y-a-t-il un lien, selon toi, entre ces différents mouvements ?
Le lien est simple, c’est les retombées de la politique menée par tous les gouvernements précédents et accentué par l’actuel qui n'a qu’une volonté : celle de poursuivre la destruction des services publics et la sécurité sociale, pour satisfaire les exigences des plus riches.
La ministre Buzyn reconnaît qu'il faudrait 200 000 postes supplémentaires dans les EHPAD. MAIS au lieu de proposer d'augmenter les budgets de façon conséquente, elle souhaite mieux répartir les financements publics....et aussi constituer un groupe de travail QVT (qualité de vie au travail), mener des enquêtes de satisfaction, créer une commission de bientraitance...
Ce n'est pas de cela dont les personnels ont besoin, ils ont besoin d'être plus nombreux pour pouvoir fournir un travail de qualité. Ainsi seulement, les résidents seront satisfaits et bien traités.
Et il est impératif de créer le 5ème risque pour que nos aînés soient pris en charge totalement par la sécurité sociale....
Bernadette nous précisait en fin de rencontre que c’était aussi,
parce que la santé des plus fragiles qui est plus que jamais menacée,
parce que les personnels sont exténués et exaspérés,
parce que même les Directeurs d’établissement en sont réduits à assurer certaines tâches du quotidiens en lieu et place des agents trop peu nombreux et débordés…
parce que CELA SUFFIT de tant de mépris,
parce que la santé c’est l’affaire de tous
les agents de santé FO 43 invitent tous les militants, sympathisants, parents, proches des patients et des personnels « victimes d’abandon » de la part des pouvoirs publics à venir se mobiliser avec eux ce mardi 30 janvier 2018, à 16H devant l’ARS (Agence Régionale de Santé rue de Vienne au Puy en Velay).
VENEZ NOMBREUX ET REJOIGNEZ L’ACTION
DES AGENTS DE SANTE DE LA HAUTE-LOIRE