L'Assemblée Plénière du Comité Economique Social et Environnemental Régional avait le lundi 27 juin à son ordre du jour le vote d'une avis dur le CPRDFOP. Ce contrat est signé entre l'Etat, la Région et les "partenaires sociaux " pour déterminer les plans d'action sur 5 ans en matière de formation professionnelle initiale et continue.
Seule la délégation FORCE OUVRIERE a voté contre cet avis qui fait l'apologie du tout apprentissage, ignore l'enseignement professionnel tout comme les qualifications en matière de formation continue. Les autres organisations syndicales de slariés : CFDT, CGT, CFTC, CGC, Solidaires, UNSA, FSU ont toutes voté pour.
C'est notre camarade Frédéric BOCHARD, Professeur de Lycée Professionnel, secrétaire général de l'UD FO du 63 et jeune élu à la Commission Exécutive Confédérale qui a exprimé le point de vue de FO :
" Les positions de FO sur la formation professionnelle sont connues. Nous les avons réaffirmées lors de notre récent congrès confédéral dans des résolutions qui ont été adoptées à la quasi-unanimité.
Pour rappel, FO « souligne l’importance de la formation professionnelle initiale en LP comme par la voie de l’alternance. La création et l’évolution de la formation initiale sous statut scolaire font partie des acquis du mouvement syndical : ainsi de nombreux jeunes obtiennent en LP, SEGPA, EREA un diplôme national reconnu par les conventions collectives et les statuts ». Pour FO, « tout jeune qui le souhaite doit pouvoir être scolarisé afin d’acquérir une qualification du CAP au BTS en fonction de son choix ». FO « dénonce et alerte contre l’instrumentalisation du contrat d’apprentissage conduisant à l’embauche d’apprentis « adultes » à bas coût et au contournement des formes d’embauches salariale classique (CDI, CDD) ».
Pardonnez cette citation… mais si nous siégeons au sein de cette assemblée, c’est au titre de nos organisations, associations ou institutions respectives. En ce qui nous concerne, nous sommes mandatés par l’organisation syndicale FORCE OUVRIÈRE et donc, porteurs de ce mandat, nous exprimons les positions et analyses qui sont celles de FO. C’est non seulement le respect du mandat, mais aussi le respect de cette assemblée où doivent s’exprimer les positions correspondant à nos mandats, y compris dans le débat contradictoire.
Dans l’avis qui nous est proposé, l’enseignement professionnel initial, public et laïque, n’est jamais évoqué ! Au contraire l’avis met en exergue la phrase suivante : « s’agissant de l’apprentissage, le CESER se félicite de son développement quantitatif qui permet de mieux articuler les enjeux du monde économique à ceux de la formation ».
Concernant la formation continue, FO réclame le retour à une gestion directe par les OPCO du CPF et dénonce la centralisation de la gouvernance de la formation professionnelle vers une institution unique, France Compétences.
Nous déplorons aussi qu’en matière de formation les interlocuteurs sociaux soient laissés pour compte au profit d’organismes de formation privés portant des objectifs de développement de compétences au détriment de formations débouchant sur des qualifications reconnues.
Or le projet d’avis n’emploie quasiment jamais le mot de « qualifications ». Pire, il affirme que « pour le CESER, la reconnaissance des compétences acquises dans le cadre d’un parcours professionnel contribue à sa sécurisation ».
Outre que la compétence n’est pas la qualification, une telle affirmation s’inscrit en opposition à la sécurisation qu’apportent en matière de parcours professionnel les Conventions collectives qui s’appuient sur les qualifications et les titres reconnus. Elle semble aussi participer à la remise en cause aussi bien de la formation professionnelle initiale que de la formation continue.
C’est donc une orientation qui est contraire à nos mandats syndicaux. C’est pour cela que la délégation FORCE OUVRIÈRE ne votera pas ce projet d’avis."
Pour ces mêmes raisons, FORCE OUVRIERE ne s'est pas associée à une opération politico-syndicale menée par les autres organisations qui a interpelé bruyamment les conseillers régionaux sur... le retard dans la transmission des documents sur le CRDFOP : un peu court pour se refaire une virginité !
Nous avons fait savoir aux organisations syndicales que nous ne nous y associons pas, vous trouverez le courrier ci dessous :
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Aux organisations syndicales Auvergne-Rhône-Alpes siégeant au CREFOP
Objet : non-participation à l’initiative devant le Conseil Régional
Chers camarades,
Les Unions Départementales FO d’Auvergne Rhône Alpes attendaient la discussion en plénière au CESER sur le CRDFOP avant de déterminer notre position sur votre tract aux conseillers régionaux à ce propos, le vote a maintenant eu lieu. Nous rendons également ce courrier public pour ne pas laisser d’ambiguïté sur nos positions
Tout d’abord, nous n’apprécions pas de voir notre logo figurer sur des projets de communiqué dont la diffusion est très large. Cela peut prêter à confusion sur nos positions. Mais peut-être est-ce le but ? Nous vous l’avons déjà indiqué, nous ne sommes la succursale d’aucune intersyndicale régionale.
Nos mandants au CREFOP ont effectivement demandé le report de celui-ci pour avoir le temps de discuter du projet régional donné à la dernière minute. C’est une attitude constante que nous avons. Malheureusement d’ailleurs, le Conseil Régional et le Préfecture d’Auvergne Rhône Alpes ne sont pas les seuls à traiter par-dessus la jambe les organisations syndicales. Nous vivons au quotidien des faits similaires au sein des IRP de la part des employeurs publics et privés et à chaque fois nous réagissons.
Mais est-ce la question la plus grave dans la discussion sur le CRDFOP ? Nous en disposons tous puisque ce jour Lundi 27 juin 2022 l’assemblée plénière du CESER rendait un avis à son sujet et nous avons les uns et les autres eu l’occasion de l’étudier : c’est là que nos avis divergent.
Nous avons à FORCE OUVRIERE voté contre l’avis présenté au CESER parce que son contenu est contraire à nos mandats :
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Appui au tout apprentissage : « Le CESER se félicite du développement quantitatif de l’apprentissage »
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Pas un mot sur l’enseignement professionnel
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Concernant la Formation Professionnelle continue, pas un mot sur la qualification délaissée au profit « des compétences acquises » qui contribueraient à la sécurisation des parcours professionnelle
On ne peut pas d’un côté agiter bruyamment, pour donner le change, le chiffon de l’absence de concertation, et de l’autre, comme vous l’avez fait, voter un avis qui de fait donne quitus au projet de CRDFOP Etat-Région.
Voilà pourquoi nous ne participerons pas à votre initiative et nous espérons qu’à l’avenir notre logo, y compris dans des projets, ne sera utilisé qu’avec notre accord.
Avec toutes nos salutations syndicalistes."