Sévarome, c’est cette entreprise d’Yssingeaux que l’on voit le long de la Nationale 88, sur la droite lorsque l’on va à St Etienne. Cela fait 60 ans qu’elle existe et elle est bien connue dans le monde de la pâtisserie pour sa spécialité : les colorants et arômes alimentaires, d’origine naturelle ou artificielle.
Il fut même une époque où des wagons entiers arrivaient d’Italie en gare de Retournac pour fabriquer de l’arôme et une des petites fiertés de l’entreprise c’est d’avoir fourni le colorant vert qui a été utilisé pour la cuve de chewing-gum du film Rabbi Jacob.
Mais ça c’était avant… En 2011, le groupe agro-alimentaire Nactis rachète l’entreprise familiale. Peu de changements s’ensuivent pour les salariés, et plutôt dans le bon sens, surtout à travers la mise en place d’un treizième mois.
Quand en 2021 le groupe Nactis est à son tour intégré à un groupe Italien, Aromata, les choses commencent à changer. Avec un actionnariat où un fond de pension est majoritaire, c’est la chasse aux usages et acquis locaux qui commence.
Ainsi la mutuelle qui était gratuite devient payante pour partie et les salaires réels ne sont plus alignés automatiquement sur l’augmentation de la valeur du point UIC (Union des Industries Chimiques), qui sert à définir les minimas conventionnels.
Après avoir échoué en 2022 à imposer l’annualisation, grâce à l’opposition de FO, il y a à Yssingeaux une nouvelle dernière menace sur l’organisation du travail issue d’un accord de 2001. Actuellement les salariés effectuent 32 heures une semaine et 39 heures l'autre, ce qui fait une moyenne de 35,5 h par semaine. La demi-heure supplémentaire est récupérée par 3,5 jours de RTT. Ce sont ces repos que la direction veut récupérer en imposant un travail à 35 h par semaine. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase après des augmentations salariales au rabais de 3% pour les salariés à moins de 2000 € nets, sans clause de revoyure, ce qui est loin des 8 % minimum d’inflation attendus pour l’année !
Ces vexations sont inacceptables pour les salariés « nous avons toujours été présents sans discuter pour faire des heures supplémentaires quand il le fallait », « on ne roule pas sur l’or, les jeunes attaquent chez nous avec un gros SMIC ». C’est ce qui motive leur grève qui dure depuis maintenant 2 jours.
Ayant des contacts avec les délégués FO de l’établissement de Furdenheim, ils ont donc demandé à l’Union Départementale FO son soutien, qui a été présente à leurs côtés.
Mise à part une visio où le directeur depuis Bondoufle (91) s’est montré inflexible Lundi 7 Novembre à 16 h, aucun contact ne s’est fait depuis pour discuter. La grève continue donc demain mercredi comme l’ont décidé les grévistes qui représentent 90 % de l’atelier de production.
Voici le communiqué qu’ils ont élaboré pour faire connaître leur grève :
« Le site de production de Nactis Flavours Yssingeaux est en grève depuis ce lundi. Le but général de cette grève est la conservation des acquis des ouvriers. L’entreprise Sevarome, actuellement Nactis Flavours Yssingeaux, existe depuis plus de 50 ans ; ce n’est que le deuxième mouvement de grève en plus d’un demi-siècle d’existence.
Depuis le rachat du groupe Nactis par un grand groupe Italien, il y a près de 3 ans, les ouvriers voient leur méthode de travail modifiée et les avantages acquis au cours de plusieurs décennies menacés. Il y a quelques mois la direction a bien failli réussir d’imposer l’annualisation du temps de travail, ce qui est une méthode largement désavantageuse et sans considération pour la qualité de vie des ouvriers. La crainte d’être spoliés de plus en plus a donc déclenché cette réaction.
Les ouvriers réclament le maintien de l’organisation de leur temps de travail qui a fait ses preuves depuis plus de 20 ans. Dans un contexte d’inflation, ils demandent également une revalorisation salariale pour faire face dignement au coup de la vie. »
Des ouvriers en grève depuis lundi à l'entreprise Sevarome à Yssingeaux - La Commère 43
Depuis lundi, l'atelier de production de l'entreprise Sevarome du groupe Nactis Flavours, à Yssingeaux est en grève : " Le but général de cette grève est la conservation des acquis des...