"Je n'ai jamais vu ça en plein mois de juillet", commentait un vieux militant qui a commencé à manifester en 1968.
Ils étaient nombreux à se retrouver devant la Préfecture du Puy dès 17h45 ce mercredi 21 juillet à l'appel de l'Union Départementale FORCE OUVRIERE.
Une banderole résumait l'état d'esprit de révolte des présents : "Après les applaudissements, le licenciement. Merci Président."
Car l'exigence commune à l'origine de cette manifestation, c'est bien le retrait de la loi en discussion à l'assemblée nationale instaurant le passe sanitaire et la vaccination obligatoire pour certaines professions. Cela concerne des centaines de milliers de salariés, et pas seulement des soignants, avec à la clé la menace du licenciement.
Ils étaient militantes et militants FO avec leurs drapeaux mais aussi, ayant répondu à l'appel, des personnels de santé, du commerce, des retraités, des gilets jaunes, des citoyens. De nombreux jeunes étaient là également.
"Nous ne sommes ni pro ni anti vaccins," rappelait Pascal SAMOUTH, le Secrétaire Général de l'Union, "c'est une décision qui appartient à chacun. Mais ce que nous n'acceptons pas c'est que cette question soit utilisée pour créer un nouveau droit de licenciement aux mains de patrons du public et du privé, sans même les possibilités élémentaires de défense."
En effet, la loi instaure un motif spécifique de licenciement pour non présentation de pass sanitaire ou de l’obligation vaccinale . "Même les sages du conseil d'Etat, qui ne sont pas des contestataires dans l'âme, estiment que ces dispositions contreviennent tout à la fois aux règles du Code du Travail et du statut de la Fonction Publique, et aussi à une convention de l'Organisation Internationale du Travail. Cet arbitraire est habituellement l'apanage des pays totalitaires."
"Il n'est pas acceptable que les soignants, et les salariés en général, soient montrés du doigt comme des responsables de l'épidémie, qu'ils soient menacés de licenciement. Ce sont eux qui sont allés travailler sans protection il y a un an ! Et c'est le gouvernement qui depuis un an a fermé plus de 1800 lits d'hôpitaux, c'est lui qui les étrangle financièrement, ce qui conduit à la fermeture pendant l'été de la moitié des services d'urgence de la région parisienne."
C'est bien le retrait pur et simple de la loi qu'exigent les syndicalistes FO. "Est-il acceptable que le débat soit mené au pas de charge, en plein été ! Il s'agit des libertés individuelles fondamentales, du secret médical. Et au pays qui s'est levé pour la liberté en 1789, sous la Commune de Paris ou en 1945, le débat doit être réglé en 2 jours ! C'est une dérive dangereuse que nous n'acceptons pas.
Une fois de plus le prétexte de la crise sanitaire est utilisé pour remettre en cause nos libertés et nos droits. Le même jour où ces mesures ont été annoncées par le Président de la République il a aussi mis sur la table la réforme de l'assurance chômage avec une baisse des allocations de 17% en moyenne et la réforme des retraites avec le départ à 64 ans. Et en un an, les milliardaires français ont augmenté de 40% leur fortune !
Nous n'en resterons pas là. Pour le retrait du passe licenciement, pour le retrait des reformes des retraites et de l'assurance chômage nous demeurons mobilisés et il y aura d'autres inititiatives.
Il y a eu des centaines de milliers de manifestants dans tout le pays samedi dernier. Une nouvelle manifestation est organisée samedi 24 juillet à 14h Place du Breuil. La place des militants FORCE OUVRIERE est tout naturellement aux côtés de toutes celles et ceux qui rejettent aussi cette loi.
Nous ne voulons pas tirer la couverture à nous. Nous avions proposé à d'autres organisations syndicales de se joindre à cette initiative aujourd'hui. Elles ne sont pas là mais nous savons que certains de leurs militants sont présents, à titre individuel, c'est important pour nous tous. Dans le Maine et Loire, ce sont les Unions Départementales CGT et FO, avec Solidaires qui manifestent comme nous au même moment. C'est ce qu'il nous faut étendre partout pour gagner".
Après ce discours les manifestants sont partis faire le tour de Puy, contournant la Place du Breuil pour remonter les boulevards jusqu'à la tour Pannessac puis traversant le centre ville pour revenir devant la Préfécture.
Devant certains commerces, on était devant la devanture pour applaudir. Beaucoup d'automobilistes, ou d'habitants aux fenêtres, faisaient des signes d'encouragement
Partie à un millier, la manifestation s'est étoffée petit à petit et lorsque la tête de cortège s'est installée devant les grilles du bâtiment de l'Etat, les manifestants ceinturaient encore la place du Breuil : près de 2000 personnes. Elles se sont quittées petit à petit, dans une ambiance résolue et bon enfant se donnant rendez-vous à samedi.