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1er mai 2021 : FO célèbre les 150 ans de la Commune de Paris devant la statue de Jules Vallès
1er mai 2021 : FO célèbre les 150 ans de la Commune de Paris devant la statue de Jules Vallès1er mai 2021 : FO célèbre les 150 ans de la Commune de Paris devant la statue de Jules Vallès1er mai 2021 : FO célèbre les 150 ans de la Commune de Paris devant la statue de Jules Vallès

Avant la manifestation intersyndicale, 80 militants de l'Union Départementale FORCE OUVRIÈRE se sont retrouvés à 9h30 au jardin public du fer à cheval au Puy pour célébrer les 150 ans de la commune Paris.

Voici le discours prononcé par Vincent DELAUGE à cette occasion :

" Mes chers camarades,

Il est de tradition le premier mai de célébrer la solidarité internationale entre les travailleurs autour des mots d’ordre de pain, de paix, de liberté.

Avec notre confédération, nous exprimons notre soutien aux syndicalistes de Birmanie, ou récemment de Hong Kong, face aux coups d’états militaire, aux arrestations et à la dissolution et plus largement nous exprimons notre soutien à toutes et tous les syndicalistes matraqués, poursuivis et traqués à travers le monde.

Ce n’est pas si loin de nous. L’organisation Amnesty Internationale, qui agit sur le terrain des droits humains, épingle sérieusement notre pays dans son rapport annuel. Je vais simplement en citer quelques extraits, qui parlent d’eux-mêmes :

« Des cas de recours excessif à la force ont été signalés tout au long de l’année. Cédric Chouviat est mort en janvier après un contrôle routier au cours duquel les policiers lui ont fait une clé d’étranglement. À la suite de ce décès, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’interdiction de l’utilisation de la technique de l’étranglement, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard. 

L’application des mesures prises face à la pandémie de COVID-19 a révélé un peu plus au grand jour l’utilisation récurrente par la police française d’une force illégale, en particulier dans les zones urbaines défavorisées peuplées (...). 

Le ministère de l’Intérieur a rendu publique en septembre une nouvelle stratégie de maintien de l’ordre dans les rassemblements. Loin de privilégier le dialogue et les techniques de désescalade, cette stratégie restait axée sur le recours à la force, y compris l’utilisation d’armes et de techniques dangereuses.  (…)

L’Assemblée nationale a adopté en novembre une proposition de loi rendant passible de sanctions pénales la diffusion d’images de membres des forces de l’ordre considérées comme portant atteinte à leur « intégrité physique ou psychique », ce qui entraverait les possibilités d’amener les membres des forces de l’ordre à rendre compte de leurs actes. Le texte était en instance au Sénat à la fin de l’année. »

Je poursuis : «    LIBERTE DE REUNION. (…) le gouvernement a imposé le 11 mai une interdiction générale de manifester. Le Conseil d’État a suspendu cette interdiction le 13 juin. Des centaines de manifestants ont néanmoins reçu des amendes pour avoir participé à des rassemblements sur la voie publique entre le 11 mai et la fin août. En outre, des manifestants ont cette année encore été arrêtés et poursuivis pour des infractions définies en des termes vagues (…). »

Oui, mes camarades, en ce premier 2021, s’il y a une exigence à porter, c’est bien celle de la liberté et de la solidarité face à la répression.

Alors si nous nous retrouvons devant le buste de Jules Vallès aujourd’hui ce n’est pas par hasard. Jules Vallès fut un écrivain connu, né en Haute-Loire.

Et il fut aussi un des animateurs de la commune de Paris.

A Paris notre camarade Yves VEYRIER est présent avec les Unions Départementales de la région Parisienne à quelques mètres du mur des fédérés du Père Lachaise, là où furent exécutés sauvagement des milliers de communards pour honorer lui aussi la commune.

En Haute-Loire, Jules Vallès est toujours resté un symbole pour tous les partisans de la justice sociale.

D’ailleurs ce n’est pas la ville du Puy en Velay, mais  un comité républicain qui voulait que sa mémoire soit honorée dans son lieu de naissance qui a fait édifier ce buste. Et c’est la résistance qui s’est empressée de le mettre à l’abri dans une grange quand le régime nazi s’employait à fondre les statues pour en faire des armes.

Elle fut quand même retrouvée par les troupes en 1943 et finalement fondue, et c’est une copie, retaillée à l’identique, que nous voyons là.

Quant à la statue de Marie, qui trône sur le Puy à quelques encablures, coulée dans les canons de Sébastopol, elle ne fut même pas inquiétée. Allez savoir pourquoi…

Mes camarades, honorer la commune qui a aujourd’hui 150 ans, c’est honorer la classe ouvrière dont nous assurons au quotidien la défense des intérêts matériels et moraux. Les communards étaient ouvriers, employés, personnels de maison, petits commerçants, artistes à plus de 90 %.

En 72 jours, ils ont pris des mesures de justice sociale

La Commune organise les secours aux plus pauvres, décrète des remises de loyers échus, un moratoire des échéances des petits commerçants, réquisitionne les logements laissés vacants par les bourgeois partis à Versailles, restitue gratuitement les objets déposés par les plus pauvres au Mont-de-piété.

La Commune met en avant l’association de producteurs organisés en coopératives. Ils réquisitionnent les ateliers abandonnés par leurs patrons.

Le travail de nuit est supprimé pour les ouvriers boulangers, ainsi que les retenues sur salaire. Elle organise un service de l’emploi, un Pole Emploi avant l’heure.

La séparation de l’Église et de l’État est décrétée, avec un enseignement laïc, gratuit et obligatoire.

Le salaire des instituteurs est doublé avec égalité du montant entre les hommes et les femmes. Une commission spéciale est constituée pour l’enseignement des filles, où de nombreuses communardes travaillent.

La Commune décrète aussi la fin de la conscription, préférant le modèle du peuple en armes comme les soldats de l’an II.  C’est d’ailleurs la base de la Garde nationale, organisée par arrondissement avec son comité central, regroupant jusqu’à 60 000 hommes venant essentiellement de l’Est parisien.

Leur exemple fait tâche d’huile puisque une dizaine de villes de province suivent l’exemple parisien et s’organisent en Communes.

Toutes ces mesures ne plairont pas à la réaction, réfugiée à Versailles. Les troupes versaillaises obligeront les communards  à mobiliser leur énergie pour la guerre.

A 20 000 contre 130 000, Varlin, Vallès, Louise Michel et leurs amis sont enfoncés, le 21 mai 1871, à la Porte de Saint-Cloud. Les Versaillais organisent alors, du 22 au 28 mai, un véritable carnage qui reste dans les mémoires sous le nom de « La semaine sanglante ! » Dans les jours qui suivent, 38 000 personnes sont arrêtées dont 400 finiront au bagne de Nouvelle-Calédonie.

Mes chers camarades, si nous honorons la Commune c’est aussi pour rappeler que l’œuvre de la Commune a été poursuivie et que grand nombre de nos conquêtes collectives viennent du combat de nos camarades de 1871.

Citons notamment la liberté syndicale, la liberté de négocier, la liberté de manifester, les statuts et les conventions, la protection sociale collective, l’école laïque, les services publics, l’égalité hommes-femmes…

Toutes ces conquêtes, ce gouvernement, comme ses prédécesseurs s’acharne à les remettre en cause.

Et ces derniers mois un vent mauvais souffle sur nos libertés : état d’urgence, loi sécurité globale, décrets sur le fichage, loi séparatisme.

La crise sanitaire est utilisée par les patrons, publics et privés, pour multiplier les entraves à l’action des militants syndicaux, quand ce ne sont pas des brimades professionnelles, des prises à partie publiques, ou des menaces de sanction !

A Paris, les autorités municipales, suivant les directives de Lallement et du gouvernement, ont interdit le rassemblement au cimetière du Père Lachaise.

Alors mes camarades, honorer la Commune, c’est d’abord et avant tout lutter becs et ongles pour défendre les conquêtes qu’ils ont contribué à construire, défendre nos revendications, lutter pour le rétablissement de nos libertés !

C’est pour cela qu’aujourd’hui, alors que nous sommes encore en confinement, nous nous félicitons que les confédérations FO et CGT, avec Solidaires et la FSU aient appelé à des rassemblements et manifestations dans tout le pays. C’est un début pour construire une riposte interprofessionnelle à la hauteur des attaques que nous subissons, contre nos droits et nos libertés.

Et c’est pour cela que nous allons maintenant rejoindre, en cortège, la manifestation intersyndicale qui aura lieu Place Cadelade, car nous partageons sans réserve toutes les revendications qui sont portées en commun. Nous avons grandement contribué à lui donner ce caractère revendicatif.

Alors mes camarades, vive le 1er mai, vive la commune, vive la solidarité internationale entre les travailleurs."

Tag(s) : #1er mai
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