Trouvez ci-dessous la lettre adressée ce jour au Préfet de la Haute-Loire.
Un rendez-vous est programmé le lundi 23 mars 2020 à 17 h à l'occasion duquel l'Union Départementale fera remonter toutes les demandes des syndicats FO.
Monsieur le Préfet,
Je vous ai adressé en début de semaine un communiqué de notre Union Départementale indiquant que nous pourrions nous entretenir des problèmes qui étaient posés. Nous sommes sans réponse à ce jour.
Le gouvernement que vous représentez fait voter en ce moment une loi instaurant un "état d'urgence sanitaire" qui lui donnerait pleins pouvoirs pour décider par ordonnances de nombreuses atteintes au libertés publiques et au droit des salariés.
Les avis du Conseil Scientifique ne sont publics que depuis le 12 mars dernier. Nous ne savons pas ce qui y a été débattu avant.
Notre organisation a pourtant légitimement le droit de disposer de ces éléments lorsque nous apprenons ces jours ci de l'ancienne ministre de la santé qu'elle avait alerté sur les dangers épidémiques dès janvier sans réaction du plus haut sommet de l'Etat.
Cela permettrait de nous faire une idée sur le degré de confiance que nous pouvons faire à ce comité.
De plus nous gardons un goût amer des prétendues simulations du gouvernement pour justifier sa réforme des retraites qui se sont toutes révélées inexactes après étude. C'est pourquoi nous voulons disposer de toutes les informations pour nous forger notre opinion.
Les salariés sont légitiment inquiets de cette situation. D'un côté on leur demande de respecter des règles de confinement, de l'autre dans les entreprises ils constatent que les dispositifs de sécurité sont la plupart du temps absents : pas de masque, pas de gel, pas de désinfection, proximité sur les lieux de travail et annexes... C'est pourquoi l'Union Départementale est à leurs côtés à chaque fois qu'ils utilisent leur droit de retrait ou leur droit de grève pour obtenir une mise en chômage partiel parce qu'ils refusent de faire les frais de cette situation où, comme toujours, le profit passe avant la santé et la sécurité des travailleurs.
Nous revendiquons également que cela se fasse sans perte de salaire ni de tous les éléments de rémunération.
On nous dit que des masques sont acheminés par centaines de milliers mais il n'y en a pas dans tous les EHPAD, établissements médico-sociaux, établissements d'enseignement, services d'aide à domicile. Certains établissements hospitaliers utilisent du matériel obsolète, faute de mieux. Dans l'industrie agro alimentaire et dans la grande distribution où les salariés sont tenus d'être au travail, de la même façon, ces protections individuelles sont absentes.
Où en est-on en Haute Loire sur l'arrivée de ces masques? Avez vous réquisitionné des usines pour leur fabrication? Je vous rappelle que l'entreprise Cheynet de Saint Just Malmont qui participait à la fabrication des masques FFP2 a été mise en liquidation l'été dernier.
Chez GEANT à Vals près le Puy, la direction utilise même la situation où les rassemblements sont interdits pour essayer de mettre en place l'ouverture le Dimanche après-midi du magasin avec des caisses automatiques, sans personnel. Cela se pratique dès ce dimanche dans d'autres magasins du groupe, côté au CAC 40. Les salariés l'ont refusé à plusieurs reprises par des actions collectives devant le magasin. Cela leur est maintenant impossible. Pourtant c'est la pérennité de leurs emplois qui est menacée. L'Union Départementale FO appuie la demande que le syndicat FO de l'alimentation a formulé auprès de vous pour que cette décision ne voie pas le jour.
Quant aux libertés syndicales, elles se trouvent également remises en cause. Ainsi jeudi 19 mars les services de la DIRRECTE ont refusé de délivrer un justificatif de déplacement pour une de nos conseillère du salarié FO, ce qui prive une salariée de la possibilité de se faire accompagner lors d'un entretien préalable au licenciement.
Nous sommes scandalisés des déclarations du Président de la République ce matin exhortant les salariés à se rendre au travail alors que toutes les conditions de sécurité qu'il recommande dans la vie courante ne sont pas respectées dans les entreprises. La santé des salariés passe-t-elle au second plan ?
Pourtant nous sommes face à des situations prégnantes. Ainsi ce matin la direction de l'entreprise Etape 43, employant à 100 % des personnes en situation de handicap, particulièrement fragiles, a annoncé "qu'elle faisait du stock" alors que son principal donneur d'ordre, l'usine Valéo, a décidé du chômage partiel !
Quant au contenu du projet de loi, nous ne sommes pas dupes.
Ainsi le gouvernement aurait les pleins pouvoirs puisque de nouvelles restrictions aux libertés publiques pourraient être prises par simple ordonnance.
De même le droit du travail pourrait être remis en cause du jour en lendemain sur des questions essentielles.
Les congés payés, jours RTT, compte épargne temps pourraient être utilisés d'autorité par les employeurs en bafouant les règles du Code du Travail et des statuts, des conventions collectives et des accords d'entreprise
Les règles légales et conventionnelles relatives à la durée du travail ne seraient également plus respectées.
En quoi ces mesures peuvent elles être adaptées à la lutte contre le coronavirus et à soigner la maladie? Ne sont-elles pas plutôt l'occasion de répondre à ce que demande le patronat depuis longtemps ?
Nous sommes représentants des salariés et nous sommes légitimes à avoir des réponses à toutes ces questions, c'est pourquoi je réitère au nom de l'Union Départementale FORCE OUVRIERE la demande de pouvoir nous en entretenir.
Veuillez recevoir, Monsieur le Préfet, toutes mes meilleures salutations.