A la demande du Préfet de la Haute-Loire; une conférence téléphonique a été organisée entre les organisation syndicales représentatives le lundi 23 mars de 17h00 à 18h30.
Étaient présents la CGT, FORCE OUVRIERE, la CFTC et la CFDT ainsi que la directrice départementale de la DIRECTTE et le Préfet de la Haute Loire.
Nous avions collecté auprès des sections syndicales l'ensemble des problèmes que vous rencontriez dans cette période de coronavirus.
Nous avons essayé de tous les poser mais cela n'a pas été possible. C'est surtout le contenu des réponses qui est ahurissant et proprement révoltant !
Il a été beaucoup question dans la bouche des représentants de l’état de soutien à l'économie, très peu de crise sanitaire. Pas question pour le Préfet d'accorder systématiquement les allocations de chômage partiel aux entreprises qui estiment ne pas pouvoir garantir la santé et la sécurité des salariés. Pour lui il n'y a "pas de secteur indispensable à la vie de la nation car l'économie est imbriquée". On peut d'ailleurs se demander pourquoi le gouvernement qu'il représente a ordonné la fermeture de tous les commerces hors alimentaires...
A nos remarques sur les difficultés rencontrées dans le bâtiment où il est difficile de respecter tous les gestes barrières, où les équipements de protection individuels ne sont pas en nombre suffisants (souvent les employeurs ont répondu aux appels aux dons des hôpitaux au début de la crise sanitaire), le Préfet a une autre priorité : la réouverture des chantiers ! Il indiquera d'ailleurs plus tard dans l'entretien que les masques et le gel hydro alcoolique répondent surtout à un "besoin psychologique", l'essentiel étant de garder les mains dans la partie basse des corps, comme si les travailleurs étaient des robots ! Nous remarquons que cela rompt également avec tout ce que l'on entend à longueur de journaux télévisés.
Pas de réponse sur le manque de masques en nombre suffisant dans les EHPAD, dans l'aide à domicile. Pas de réponse non plus sur la situation préoccupante des salariés travailleurs handicapés de l'entreprise adaptée Etape 43.
Par contre le Préfet assure, après une demande la CFDT pour sanctionner l'incivisme (et oui!!), qu'il va renforcer les contrôles des citoyens sur les justifications de sorties de domicile. C'est à n'y rien comprendre car dans le même temps il indique que tous nos efforts doivent aller sur le maintien debout de l'outil industriel donc la multiplication des sorties.
Il appelle les organisations syndicales à partager cet effort et à le faire partager aux salariés. Pour FO; les salariés donnent déjà beaucoup puisqu'ils mettent en danger leur santé quand ils vont au travail. Quand ils sont au chômage partiel ils perdent au minimum 15 % sur leur salaire alors que pour les employeurs l'intégralité de l'allocation est payée par l'Etat.
La Directrice du Travail a appelé au "dialogue social dans les entreprises". Elle a indiqué que quand l'activité partielle serait autorisée, elle demanderait au préalable d'apurer les congés payés de l'année et même une partie de l'année suivante, les RTT et les comptes épargne temps. C'est ce qu'autorise la loi sur l'état d'urgence votée par le parlement. Ainsi les salariés confinés et surveillés sur leurs sorties seraient en vacances. Belle conception du dialogue social qui autorise à piétiner unilatéralement tous les accords signés dans les entreprises sur la durée du travail et les congés. Les organisations syndicales n'auraient plus qu'à dire amen...
Aucune réponse sur les cas cités où les mesures d'organisation du travail liées au coronavirus n'ont même pas fait l'objet d'une consultation du CSE.
Aucune réponse non plus sur notre demande d'annulation de la tenue d'un CTSD dans l'enseignement avec présence physique pour décider de fermetures de classes ! Toutes les réformes ne sont pas suspendues et il faudrait les appliquer coûte que coûte.
Sur la liberté de déplacement des représentants du personnel (dans les entreprises multi établissements) ou des représentants syndicaux interprofessionnels, le Préfet va rechercher mais rappelle la limitation des sorties rendue indispensable par la situation sanitaire ! La défense des intérêts des salariés pourra attendre...
En conclusion, nous avons vraiment le sentiment que cet entretien n'avait qu'un seul but : faire taire toutes nos revendications, nous demander de suivre les yeux fermés le gouvernement et même nous en faire les porte parole. Ce n'est pas ainsi que nous entendons le syndicalisme. L'Union Départementale reste aux côtés des syndicats FORCE OUVRIERE pour les aider à faire valoir leurs revendications en matière de santé, de sécurité, de salaire, de respect du droit syndical... "Pas de quarantaine pour nos revendications".