Mercredi 7 mars 2018, une trentaine de personnel de l'enseignement (écoles primaires, collèges, lycées et lycées professionnels) ainsi que des personnels de l’action sociale et de la santé étaient présents pour préparer la conférence nationale contre l’inclusion scolaire systématique et pour la défense des structures spécialisés et adaptés prévue le 28 mars 2018 au siège de la Confédération Force Ouvrière.
Durant cette réunion, ils ont établi un état des lieux sans appel sur les dangers que représentait cette politique gouvernementale.
Guy Thonnat (secrétaire de la Fédération de l'enseignement de Haute Loire et représentant FO aux CHST départemental et ministériel) a dans un premier temps dresser un bilan des différents secteurs touchés par la poursuite de l'inclusion systématique d’élèves relevant de handicaps dans le milieu scolaire ordinaire, depuis la loi de 2005 sur « l'égalité des droits et des chances »*
Ainsi, ce sont bien toutes les structures de l’enseignement spécialisé qui sont visées : les ULIS, les EREA, les SEGPA, les IME , les IMPro de même que les ITEP et les classes spécialisées intégrées jusque là dans les hôpitaux psychiatriques.
La raison avancée à chaque fois, c’est qu’il ne faut pas discriminer ces enfants et les inclure en milieu ordinaire pour leur laisser toutes leurs chances. Le but réel est loin d’être aussi idyllique, puisqu’il s’agit toujours de rendre des heures, donc des postes (dans le cadre de la suppression des 120 000 postes de fonctionnaires) et de réduire drastiquement les coûts d’un enseignement trop coûteux… c’est loin de la bienveillance dont on nous rebat les oreilles. Aux attaques contre les revendications des personnels et à ceux qui tentent d’assimiler les positions de FO contre l’inclusion systématique à des positions xénophobes, les personnels présents ont opposé que priver les enfants de toute structure et de tout enseignement adapté n’était pas une démarche emprunte d’humanisme, mais bassement comptable.
Durant le tour de table, que ce soit avec les enseignants et AESH du primaire, du collège ou de l’enseignement professionnel ou que ce soit avec les éducateurs spécialisés, le constat était toujours le même :
- des enfants parachutés au milieu d’un groupe classe en souffrance, du fait de leur handicap (physique ou mental) ou du fait de leurs troubles du comportement (rejet de l’école, phobie scolaire, difficultés de concentration, d’acceptation des règles…) et qui ne sentent pas à leur place.
- des personnels non formés et souvent démunis malgré leur conscience professionnelle face à des situations (souvent, d’ordre social ou médical) qui les dépassent et pour lesquels ils n’ont pas de solution réelle, efficace et pérenne.
- une surcharge de travail pour « bricoler des cours différenciés », circuler entre tous les groupes-publics de la classe très différents les uns des autres…
- un stress, une fatigue et une angoisse souvent prégnante _ avec des collègues proches de l’épuisement physique et moral _ quand il y a des agressions verbales, des bagarres entre élèves voire se retournant contre l’enseignant…
- « pire encore », des risques graves encourus par les élèves relevant du handicap eux-mêmes, pour le reste du groupe, pour l’enseignant comme par exemple dans le cadre de TP de cuisine avec des élèves ayant des troubles du comportement auxquels il fau(drai)t confier des couteaux…
Dans ce chaos organisé, en lien avec toutes les politiques successives d’austérité, c’est bien une CASSE DU SYSTEME EDUCATIF qui est programmé, en broyant les enfants relevant du handicap, ceux considérés comme « ordinaires » et les personnels enseignants, AESH, éducateurs spécialisés…
Mais pas de problème, face une catastrophe prévisible, les autorités proposent des placebos, comme celui de l’équipe mobile (constituée de médecins, d’infirmiers psy) qui « voleront au secours » des enseignants pour constater les dégâts ! Cela s’inscrit dans le cadre d’une convention signée au niveau départemental entre l’Inspection académique et la Direction de l’Hôpital Sainte-Marie.
Combien seront-ils pour gérer l’urgence ? Cela sera-t-il efficace ? On peut en douter raisonnablement vu la gestion contrainte de tous les moyens. Et puis, après tout : est-ce si grave ? Ce ne sont que les « enfants du peuple » et de « petits fonctionnaires »… preuve du cynisme et du mépris ambiant dont les ministres et autres décideurs ne s’encombrent guère nous concernant.
Tous les camarades qui se sont exprimés, ont rappelé la même chose : « on observe un glissement de nos tâches », « on remarque que l’on nous met en concurrence les uns les autres » comme avec les personnels des IME également « intégrés » dans des établissements scolaires et qui « prennent la place » des ULIS, eux-mêmes inclus dans les classes ordinaires…
UNE VRAIE THEORIE DE DOMINOS DANS LAQUELLE TOUT LE MONDE SERA PERDANT CAR A TERME, C'EST BIEN TOUT L’ENSEIGNEMENT SPECIALISE QUI EST MENACE DE DISPARITION ABSORBE DANS L’ENSEIGNEMENT ORDINAIRE PUBLIC QUE L’ON CHERCHE AUSSI MANIFESTEMENT A DEGRADER.
Face à l’urgence consistant à refuser l’inclusion scolaire systématique, vu les circonstances dans lesquelles les autorités cherchent à les imposer à l’ensemble des personnels, une délégation d'enseignants de Haute-Loire participera mercredi 28 mars à Paris, au siège de la confédération FO, à la conférence nationale sur les conséquences de l'inclusion scolaire systématique et en défense des établissements spécialisés et adaptés.
*NDLR : LOI n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.