Laeticia, peux-tu nous présenter brièvement la société dans laquelle tu travailles et nous dire quelles sont les conditions actuelles des salariés dans celle-ci ?
Je travaille aux Salaisons du Lignon, qui se situe entre Yssingeaux et Monistrol-sur-Loire. Dans cette société qui appartient au groupe Intermarché, il y a actuellement 160 salariés. Et depuis février 2016, j’ai repris le rôle de délégué syndical pour Force Ouvrière, dans l’entreprise.
Concernant l’actualité de cette « boîte », je dirai que pour le moment il n'y a pas de menace sur l'emploi, même si les NAO (négociations annuelles obligatoires) n’ont pas été formidables. Dans l’immédiat, c’est surtout la partie « expédition » qui est la plus fragile car la plus soumise à une activité fluctuante. En fait, la politique décidée par le groupe et donc aussi par l’entreprise est de fonctionner à « flux tendus ». Autrement dit, avec des horaires qui pour ces collègues en particulier sont plus que flexibles d’un jour à l’autre ; et personne ne sait comment les choses vont réellement évoluer par la suite.
Pour le reste des salariés du site, on peut considérer qu’il y a « juste le travail qu’il faut », mais sans plus ; d’autant plus qu’une bonne partie de la production est désormais robotisée.
Qu’est-ce-que le stage « Connaître ses droits » t’a apporté et qu’est-ce-que tu en retiens ?
Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est d’avoir appris comment lire et trouver l’information dans le Code du travail et notamment, le fait que pour trouver l’essentiel, il fallait commencer par la fin : ce que je ne savais pas, comme beaucoup de « salariés lambda », je pense.
Par contre, une semaine, c’est un peu court pour se former. Néanmoins, cela donne les rudiments de base pour pouvoir se sentir plus à l’aise notamment lors de la préparation des NAO…
Je dois dire enfin que ce type de formation est très précieux pour être mieux armé dans la façon de se défendre et défendre les salariés en général.
Justement, comment vois-tu se profiler l’avenir dans ton entreprise face aux agressions du patronat et de l’Etat en matière de redéfinition du temps et des conditions de travail ?
C’est assez difficile de dire comment les événements vont se dérouler mais c’est sûr que ce que nous redoutons tous, c’est le fait que si la Loi El Khomri passe, les patrons pourront licencier comme ils veulent. Et cela, sans compter la menace qui plane déjà en permanence au-dessus de nos têtes, le ralentissement de l’activité et donc le problème récurrent du licenciement.
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Lors du bilan du stage, tout le monde a apprécié que les exercices pratiques permettent de donner une méthode pour trouver une réponse dans le Code du Travail, et se rendre compte parfois qu'il n'y en a pas.
Par contre, le fait de faire des sortes de « travaux pratiques » pour étudier telle ou telle situation concrète et voir comment procéder au mieux pour trouver la solution la meilleure en évitant les erreurs, les contradictions a été très apprécié par la majorité des militants-stagiaires. De même, la possibilité de recevoir de l'aide de la part des formateurs était très agréable et a mis les stagiaires en confiance dans ce type d'exercice.
Pour les « non-spécialistes », certaines précisions étaient les bienvenues entre autres pour comprendre comment concrètement doivent se dérouler les élections professionnelles, dans le cadre défini par le Code du travail.