Lors des dernières NAO (négociations annuelles obligatoires), FO déclare par le biais de son secrétaire _ Marc Daubord _ que l’accord qui a été signé par l’autre syndicat de l’entreprise (la CGT) est « pourri » et qu’il contribue à dégrader encore un peu plus des conditions de travail.
Pour cela, il a accepté de nous accorder un peu de son temps pour nous préciser certains points : voici son témoignage.
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Marc, peux-tu nous préciser en quoi cet accord signé te paraît « pourri » ?
Eh bien, je dirai pour faire simple que les NAO ne se sont pas soldées en notre faveur. En effet, si certains ont laissé penser que les salarié-e-s gagnaient en pouvoir d’achat, soit un « gain » (et, je précise que les guillemets montrent mon manque total de conviction en faveur de ce pseudo-argument) de 0.8%.
Or ce « gain » n’en est pas un car il correspond en réalité à nos deux jours de ponts qui avaient été suspendus, au motif qu’il était nécessaire de « réintégrer du chiffres d’affaires » (jargon habituel) pour espérer récupérer un 1er jour de pont. Et ce n’est pas une bagatelle car l’objectif chiffré, annoncé _ de ce que je qualifierai plutôt de chantage _ se monte à 300 000 euros ou encore à 500 000 euros pour récupérer le 2nd jour de pont gelé. Mais comment cela pourrait-il être atteignable, vu que le site dépendant d’un groupe américain et qui a des ramifications (filiales…) partout en Europe, est toujours déclaré « en négatif » !?
Et là, nouvelle fourberie de la part de la Direction, et alors que tous pensaient ces 2 jours définitivement perdus, celle-ci a décidé de les inclure dans le taux horaire des salariés,d’où les 0.8%. Mais, c’est bien un leurre que ce « gain » car il s’agit en vérité d’un AUTOFINANCEMENT ! La Direction en réalité ne propose rien et voudrait donner l’impression d’être magnanime.
Autre proposition en termes « d’avancées sociales » (selon elle), l’ajout d’un ticket restaurant par mois, sur la base des 11 tickets mensuels par mois (à 4.80 euros) mais ne l’oublions pas, tout de même financés à 60-40 donc respectivement par le patron et les ouvriers eux-mêmes. Et encore ce petit « tiens » est placé sous condition, puisque pour l’avoir, il faut accepter de rogner sur le temps de pause. Avant, celui-ci était autorisé jusqu’à 30 minutes ; maintenant, c’est le respect strict de 20 minutes et pas 1 de plus.
J’ai fait le calcul pour pouvoir mieux cerner la perte subie, eh bien à raison de 10 minutes par jour, c’est 1 semaine par an pour chaque gars qui est perdue. Ecœurant !
Et, face à cette situation, comment vois-tu l’avenir du site, des salariés ?
Avec l’actualité du moment et le massacre que prévoit de mettre en œuvre la Loi El Khomri (dite Loi Travail) si on ne parvient pas à l’arrêter, on peut être sûrs que lors des nouvelles NAO, les patrons auront le champ libre pour nous faire avaler encore de plus grosses couleuvres. Par exemple, pour les Papeteries, le site est déclaré comme ayant subi 1.5 millions d’euros de pertes, mais c’est faux car celui-ci comme je l’ai dit, fait partie d’un groupe mondial puissant. Pourtant, c’est de plus en plus la stratégie de ce type d’entreprises, de multinationales pour toujours tout « tirer vers le bas ». Depuis le changement de Direction, en 2010, je le constate encore plus nettement (et les camarades aussi) au quotidien et en l’occurrence comme pour la participation aux bénéfices, le taux annuel d’intéressement qui ne fait que chuter_ et pas que de quelques broutilles_ puisque certains ont vu moins 350 euros de prime sur leur fiche de paie ne serait-ce que pour ce point.
Et quand avec FO, on interroge les collègues, on se rend bien compte qu’ils ne sont pas contents, surtout quand on prend le temps de leur expliquer à quoi / qui sont dues ces pertes. Eux-aussi sont dégoûtés et révoltés.
Et alors… face à cela, quelles propositions d’action ? Notamment pour la grève du 31 mars 2016 ?
Depuis un certain temps, on avait l’habitude de pratiquer des débrayages en commun avec la CGT, dont le dernier initié par Force Ouvrière pour nous opposer aux NAO qui nous étaient défavorables. Mais c’est là que le bât blesse car quand on débraye 3 fois pendant 6h, la Direction exerce son « pouvoir de répression » en annulant le paiement de la prime d’assiduité (de 25 euros par mois) et ne paie pas non plus 2 jours de « salaires exceptionnels » par an (un versé en janvier et un autre en juillet) pour « récompenser les non-débrayages », si je puis dire. Je pense que c’est cela qui a conduit à cette signature. Encore un chantage de la part du patronat et de la stratégie d’entreprise ou du management ultralibéral, car je suis persuadé que la Direction avait tout prévu.
Quant à l’appel à la grève du 31 mars 2016, pour FO Papeteries, on espère bien que les débrayages vont être importants, et même les plus massifs possibles car on sent de plus en plus ces derniers temps que les collègues sont exaspérés, révoltés et qu’ils disent qu’ils espèrent que « tout cela change, enfin et vraiment », parce que « cela ne peut plus durer » : cette fois vraiment, CA SUFFIT !
Cette « Loi Travail » est abjecte et contrevient à toutes les avancées et conquêtes sociales de « nos anciens », on ne peut donc pas laisser faire : il faut tou-te-s, public comme privé, se mobiliser ! C’est essentiel pour nous, comme pour nos jeunes !